samedi 30 juin 2012

C. Influence de facteurs pharmacologiques



La liste des facteurs pharmacologiques susceptibles d’entraîner des lésions de l’épithélium séminal est extrêmement longue; aussi nous bornerons-nous à citer quelques exemples.
Parmi toutes les substances étudiées, certaines provoquent des lésions de tout l’épithélium séminal, généralement irréversibles; d’autres n’agissent que sur certains stades et leur effet disparaît plus ou moins rapidement après l’arrêt du traitement.

1. FACTEURS DÉTRUISANT L’ÉPITHÉLIUM SÉMINAL

Nous avons déjà mentionné l’acide érucique, acide gras qui provoque des lésions irréversibles de la lignée séminale.

Un composé a fait l’objet de nombreuses recherches : c’est le chlorure de cadmium. Sous l’effet d’une seule injection intra-testiculaire ou sous-cutanée, le Cl2Cd entraîne une destruction complète et rapide du parenchyme testiculaire (aussi bien des tubes séminifères que des cellules interstitielles 1).

Des expériences effectuées chez le Singe nous ont montré qu’une injection unique de cl2cd détermine des lésions de la lignée séminale se traduisant par des pycnoses abondantes 48 heures après l’injection : au 4 jour, l’épithélium séminal est très réduit, mais les cellules de Sertoli et les cellules de Leydig paraissent intactes ; au 6e jour, il se produit une véritable « desquamation » de la lignée séminale ; seules persistent des cellules de Sertoli ; il existe des pycnoses dans les îlots de cellules interstitielles au 21e jour après l’injection, la cytonécrose intéresse tous les éléments du testicule exocrine et endocrine [expériences de GIROD (1964-1965)].

Sur des Singes conservés sept mois après l’unique injection, on observe une dissociation diastémato-spermatique: les cellules interstitielles se sont reconstituées et sont fonctionnelles (comme le prouve l’étude du tractus génital soumis à l’influence des androgènes), alors que la lignée séminale reste profondément lésée (il y a bien quelques spermatogonies et spermatocytes, souvent d’ailleurs à noyau pycnotique, mais pas d’images de spermiogénèse) [GIROD (1965)].


2. FACTEURS RETENTISSANT PLUS OU MOINS SUR L’ÉPITHÉLIUM SÉMINAL

Les nitrofuranes, et des composés comme la furacine, le furadroxyl, la furadantine, sont des agents cytotoxiques par blocage des spermatocytes I au stade pachytène.

Des dinitropyrroles bloquent également l’évolution du spermatocyte au stade pachytène.

Des antimétabolites, comme le 6-azauracil, le 6-azauridine, le 6-azacytidine, la 6-thioguanine, etc., exercent des effets inhibiteurs sur la spermiogénèse.

Des agents alkylants, comme les moutardes azotées, le TEM (triéthylène mélamine), le Thio TEPA (triéthylène thiophosphoramide), le MMS (méthylméthane-sulphonate) et des quantités d’autres composés, sont des inhibiteurs de la spermiogénèse ou, pour certains, des agents cytotoxiques des spermatozoïdes.

Des composés divers: des bis- (dichioroacétyl) diamines, des dérivés de la méthylhydrazine, des hydrocarbures cancérigènes, sont susceptibles de léser plus ou moins profondément la lignée séminale.

Il faut enfin mentionner que des toxiques tels que des drogues stupéfiantes (opium et ses dérivés, cocaïne) entraînent des lésions des tubes séminifères (et aussi des cellules interstitielles). Quant à l’alcool, son action directe n’est pas sûrement démontrée, mais comme d’ailleurs d’autres toxiques, il semble provoquer des lésions vasculaires de spermatoangéite oblitérante, responsables secondairement des perturbations de la spermatogénèse. La plupart des antibiotiques perturbent la spermatogénèse.


1. Il est curieux que toutes les espèces animales ne soient pas sensibles aux effets destructeurs du cl2cd : c’est ainsi que chez le lapin, l’armadillo, l’opossum, de même que chez le pigeon, le coq, certaines grenouilles, le cl2cd n’a aucun effet sur le testicule, Notons aussi que les sels de zinc et de sélénium protègent le testicule contre les effets nocifs du cl2cd.