La plupart de ces aveugles 4 sur 5 doivent leur infirmité à
une maladie des yeux le TRACHOME.
TRACHOME Cette maladie conduit lentement à la cécité et il
y a actuellement dans notre monde, en plus des aveugles,
des dizaines de milliers de trachomateux, c’est-à-dire d’individus atteints de
trachome. Certains parmi eux, pourront guérir spontanément (c’est-à-dire sans
se soigner) mais pour la plupart, s’ils ne se soignent pas, ils deviendront
aveugles, borgnes ou auront une vue très diminuée.
Le trachome conduit à de grandes souffrances. Le
trachomateux connaît des douleurs continuelles et insupportables; l’aveugle
subit une pesante infirmité. Mais, en dehors de tout cela, il faut savoir que
ces aveugles, toutes ces personnes à la vue diminuée et aux yeux malades
représentent pour le pays une lourde charge. En effet, l’état paie une pension
annuelle à chaque aveugle et, surtout, beaucoup de trachomateux arrivent à ne
plus pouvoir travailler correctement ou à ne plus pouvoir travailler du fout.
Tout faire pour guérir ou éviter maladie est donc un devoir
envers soi-même, envers sa famille et envers le pays.
Le trachome ne se rencontre pas qu’en Afrique.
Il y a actuellement 500 millions de trachomateux sur terre. En Afrique,
Il y a plus de trachomateux dans les campagnes que dans les villes. li y a
aussi plus d’aveugles dans le Sud que dans le Nord des pays.
Prenez, par exemple, un pays comme l'Algérie
Il y a beaucoup d’aveugles en Algérie. Leur nombre va en
augmentant, comme le montrent les chiffres suivants :
1960……………………….24.457 aveugles
1961……………………….28485 aveugles
1962……………………….40.313 aveugles
1964……………………….46.261 aveugles.
Ainsi, en 1963, il y avait
-
dans le département d’Alger 3.884 aveugles pour 1 .207.800
habitants;
-
dans le département des Oasis: 5.171 aveugles pour 442.444
habitants.
Nous reviendrons sur ces différences entre villes et
campagnes d’une part, entre Nord et Sud du pays d’autre part
Retenons :
Le trachome est un danger redoutable . peut conduire l’individu
a la cécité il représente pour le pays une lourde charge.
1) - Description de l’oeil.
Pour comprendre ce qui se passe sur un oeil atteint de
trachome, il faut savoir comment est constitué un oeil.
Les image 1, 2 vous aideront à le comprendre.
a) Regardez la image 1.
Elle représente un oeil, le vôtre par exemple, tel que vous
le voyez dans une glace. Retenez les noms donnés aux différentes parties
- « blanc » de l’oeil
- iris,
- pupille.
Vous remarquez deux points visibles dans l’angle interne de
l’oeil (du côté du nez) : ce sont, les orifices de deux petits canaux (les
canaux lacrymaux) qui font communiquer la surface de l’oeil avec le nez.
Continuellement, l’oeil est maintenu humide par les larmes. Ces larmes sont
réparties sur l’oeil par les mouvements des paupières et elles s’écoulent
ensuite vers le nez par les canaux lacrymaux.
b) L’oeil.
Est une petite « boule » (on parle de « globe oculaire »)
enfoncée dans une cavité osseuse, « l’orbite ». Seule la partie antérieure du
globe oculaire est visible. Elle peut être recouverte par les paupières pendant
le sommeil par exemple ou quand nous « fermons» les yeux. Quand nous sommes
éveillés, nos yeux se ferment souvent par des mouvements rapides des paupières
ces mouvements répartissent les larmes à la surface de l’oeil.
c) La image 3.
Suppose un oeil coupé en deux, verticalement (de haut en
bas). Sur la coupe de l’oeil ainsi obtenue, nous voyons :
- que I’ oeil comporte deux « chambres» remplies d’un
liquide plus ou
moins gluant:
-
la chambre « antérieure » de l’oeil,
-
la chambre « postérieure » de l’oeil.
- entre ces deux chambres, une petite « lentille »: le
cristallin.
- toute la partie postérieure de l’oeil, est limitée par
trois membranes:
- la membrane la plus externe est blanche, dure: c’est la
sclérotique;
- la membrane la plus interne est fine, riche en cellules
nerveuses sensibles c’est la rétine
- entre ces deux membranes, une couche intermédiaire: la
choroïde.
- dans la partie antérieure de l’oeil, partie visible
de l’oeil, nous voyons
- la sclérotique qui forme le « blanc» de l’oeil (la
sclérotique est blanche). Mais en avant de l’iris,, la sclérotique devient
transparente, et prend le nom de
« CORNEE»;
- la choroïde forme, en avant du cristallin, « L’ IRIS » qui
est percé de la pupille;
- la rétine n’existe pas.
- la paupière est entourée, sur sa face interne (vers
l‘oeil), d’une peau fine, la «CONJONCTIVE ». La conjonctive se continue sur le
blanc de l’oeil, transparente, s’interrompant au bord de la cornée.
En résumé, si vous rapprochez ce schéma de la image 1
- le « blanc » de l’oeil, représente la partie antérieure de
la sclérotique. Il est recouvert par la conjonctive, très fine et transparente.
- l’iris (bleu, marron ou noir suivant les sujets)
représente la partie antérieure de la choroïde. Nous le voyons à travers la
cornée transparente et le liquide, transparent aussi de la chambre antérieure
de l’œil ;
- la pupille est un orifice circulaire percé dans l’iris par
lequel nous apercevons le fond de l’oeil, noir.
coup horizontale du globe oculaire |
d) Fonctionnement de l’oeil (image 3).
Pour que nous « voyions» un objet, il faut que son image se
forme sur la rétine. Pour cela, les rayons lumineux doivent traverser :
la cornée (transparente), le liquide de la chambre
antérieure, le cristallin,
le liquide de la chambre postérieure.
Tous ces « milieux » sont transparents et laissent passer la
lumière. Celle- ci excite les cellules sensibles de la rétine et un influx
nerveux prend naissance, qui est conduit au cerveau par le nerf optique.
L’oeil est l’organe de la vue. Pour qu’il nous permette de «
voir », il faut que les rayons lumineux arrivent sur la rétine.
2) - La maladie.
a) Sa cause.
Le trachome est du à un VIRUS, microbe très petit, (revoyez
dans la classification des microbes ce que sont les virus) qui se développe dans
la CONJONCTIVE puis dans la CORNEE de l’oeil.
Ce virus est très sensible a la sécheresse qu’il ne supporte
pas (sans doute est- ce pour cela qu’il vit bien dans l’oeil où, à cause de la
présence continuelle des larmes, il trouve un endroit humide) li est aussi très
sensible aux antibiotiques.
b) Description.
Qu’éprouve le malade?
Au début, il éprouve des sensations de gêne; ses yeux sont
brillants. Puis, tout cela continuant, le malade a des difficultés à ouvrir les
yeux le matin. II craint de plus en plus la lumière Ses yeux deviennent de plus
larmoyants. Lentement, les choses s’aggravent. Ce n’est que 30 ou 40 ans après
le début discret que les souffrances arrivent à être intolérables.
Comment évolue la maladie? Qu’observe le médecin sur le malade?
Au début, la conjonctive de la paupière supérieure est
rouge, par suite de la formation de nombreux vaisseaux sanguins. La rougeur
s’étend peu à peu sur la conjonctive qui recouvre le «blanc» de l’œil :
l’oeil est rouge. Puis la conjonctive présente des petites granulations.
D’abord à peine visibles, ces granulations grossissent peu à peu. Dans certains
cas, il arrive que quelques unes d’entre elles atteignent la grosseur d’une
tête d’épingle ou d’un grain de blé.
Ce stade est appelé « stade 1 » rougeur,de l’oeil,
larmoiement, granulations sur la conjonctive.
« Stade 2 » (image. 4). Alors que toute la conjonctive de la
paupière supérieure est épaissie, granuleuse, la partie supérieure de la cornée
est atteinte par le virus. Il s’y formera des granulations et on voit des
vaisseaux sanguins apparaître dans la cornée (normalement il n’y en a pas).
L’ensemble forme un voile opaque sur la cornée-: c’est la « PANNUS ».
- « Stade 3 » (image 5), c’est le stade de la formation de
cicatrices. Si le trachome évolue depuis longtemps, des cicatrices se forment à
la place des granulations les plus anciennes. Chaque cicatrice a l’aspect d’une
petite tâche blanche.
- « Stade 4 » (image 6). Toutes les granulations sont
cicatrisées : à leur place se trouvent des tâches blanches, opaques. Si la
cornée a été atteinte entièrement, elle est blanche, opaque. La lumière ne peut
plus la traverser l’individu est aveugle.
c) Faits importants.
- La cicatrisation peut se produire a n’importe quel moment
. au stade 1, comme au stade 2 ou 3.
- Le stade 1 dure toujours très peu de temps un an environ.
- L’évolution des stades 2 et 3 surtout est très longue: 20,
30 ou 40 ans. La plupart des trachomateux restent de longues années, leur vie
même, au stade 3 et l’établissement du «pannus » cornéen diminue toujours la
vision.
- De nombreuses complications peuvent survenir Nous ne
citerons que les deux plus fréquentes : le trichiasis et le xérosis.
Le Trichiasis : Chez le trachomateux, les cicatrices
de la paupière inférieure provoquent un enroulement de la paupière vers le
dedans de ‘oeil. Les cils qui poussent mal, dirigés vers le bas, viennent
frotter sur la cornée (image 6). Ils l’irritent, peuvent même la blesser. Cela
est très douloureux e s’ es « blessures » se cicatrisent, elles laissent des
tâches opaques sur la cornée. (la lumière ne passe plus vers le fond de l’oeil
: cécité).
Le Xérosis : Les glandes lacrymales, atteintes par le
virus, s’arrêtent de produire les larmes. Là, dans tous les cas, l’individu
devient aveugle. En effet, les yeux, privés de l’humidité apportée par les
larmes, se racornissent et la cornée devient entièrement opaque.
Le virus du trachome évolue dans la conjonctive puis dans la
cornée de l’oeil, Cette évolution dure de longues années pendant lesquelles l’individu
souffre de plus en plus et a des troubles de la vision. Si la cicatrisation des
lésions se produit, elle entraîne toujours. suivant les cas, soit une perte
plus ou moins grande de la vue, soit la cécité complète.
3)- Contagion et facteurs favorisant la maladie.
a) La contagion.
Le trachome est très contagieux. Tout individu peut «
attraper » le trachome mais ce sont les enfants qui sont contaminés le plus
facilement - plus ils sont jeunes, plus les risques sont grands. A part de
rares exceptions, tous les trachomateux le sont, devenus quand ils étaient très
petits, avant l’age de un an. (Et c’est tout au long de la vie que le trachome
évolue). Dans les endroits où le trachome est répandu (campagne; sud), on peut
considérer que tous les enfants de un an sont atteints. (au stade 1). Certains
d’entre aux pourront cicatriser cette première atteinte et deviendront
réfractaires au trachome.
Comment se fait la contagion.
Elle se fait de façon « directe»: des parents malades qui,
se touchant les yeux, ne se lavent pas bien les mains avant de toucher leur
bébé, peuvent le contaminer.
- Elle se fait - indirectement» par les linges de toilette
souvent, dans les familles, il y a une serviette unique pour plusieurs
personnes. Si l’une d’entre elles est atteinte de trachome, elle laissera en
s’essuyant le visage, des virus de trachome sur la serviette. La personne
suivante, en se lavant, s’infectera les yeux.
- Elle se fait « indirectement » par les mouches: celles-ci
ont toujours les « pattes » humides. Elles se posent sur un oeil malade, puis
vont sur un oeil sain, transportant ainsi e virus des gens malades aux gens
sains
c) Ce qui favorise la maladie.
- Dans le monde les régions atteintes sont celles où les
gens vivent pauvrement, souvent entassés dans les maisons, sans hygiène
suffisante.
Quand on mange mal, on n’a pas de force, on résiste mal aux
maladies, en particulier au trachome .
Quand on est entassé dans les maisons, on se contamine
facilement les uns les autres.
Quand on a une hygiène insuffisante (si on se lave peu, tous
avec la même serviette, si on n’écarte pas les mouches des bébés), on augmente
les risques de contamination. C’est pour cela qu’en Algérie le trachome est
plus fréquent dans les campagnes que dans le villes (il est parfois difficile
aux gens des campagnes d’avoir de Veau chez eux pour se laver).
-
Le climat joue un rôle sur l’évolution du trachome. Dans
le sud où le climat est sec, où les vents de sable sont fréquents, l’oeil se
dessèche plus facilement et la poussière irrite l’oeil.
Les cas de trachome sont toujours graves. Beaucoup plus de
trachomateux deviennent aveugles.
Le trachome est la maladie de la misère, de le promiscuité
et du manque d’hygiène.
4) - Traitement de la maladie.
Plus le malade est soigné tôt, plus il a des chances de
guérir vite et sans
conséquence.
Actuellement, on dispose d’un remède efficace et facile à
employer: la pommade aux antibiotiques. Le virus trachomateux y est très
sensible. Ce n’est que dans les cas très avancés que cela ne suffit pas et qu’il
faut opérer quand même l’oeil.
Le virus trachomateux est très sensible aux antibiotiques.
La pommade antibiotique est un moyen pratique de soigner les trachomateux.
5) - Prévention,
« Prévenir vaut mieux que guérir ».
Pour que le trachome n’atteigne pas les sujets sains, en
particulier les enfants,
il faut :
a) Soigner les malades et éviter qu’ils ne contaminent leur entourage.
Le malade devra suivre le traitement jusqu’à la guérison
complète et se nettoyer
les yeux en utilisant de l’eau bouillie et un linge bouilli.
Il aura sa serviette de
toilette bien à lui. Il se lavera souvent les mains, surtout
avant de toucher un enfant.
b) Appliquer dans les familles les règles d’hygiène.
Toilette quotidienne, chaque membre de la famille ayant sa
serviette.
- Avoir chacun son mouchoir personnel.
Avoir des maisons propres, d’où l’on chassera les mouches.
c) Se plier aux mesures générales mises en oeuvre pour vaincre le trachome.
Le gouvernement essaie de lutter contre le ‘trachome en
touchant les enfants des écoles. La plupart des enfants des campagnes qui
arrivent à l’école ont déjà subi l’atteinte du trachome. TOUS les enfants sont
traités, durant les deux premières années de classe, par la pommade à
l’auréomycine (pommade antibiotique). Ainsi, on soigne ceux qui sont malades,
et on protège les autres. Les années suivantes, le médecin d’hygiène scolaire «
dépiste » les cas qui ont résisté au traitement.
L’application de la pommade, les deux premières années, est
faite par l’instituteur. Il faut que l’instituteur accepte de faire
correctement, et tout le temps qu’il faut, cette application. Mais il faut
aussi que les enfants ne s’arrangent pas pour « manquer » le jour où on la
fait.
Pour atteindre les adultes et faire que chaque famille
s’inquiète et se soigne, des slogans sont affichés dans les lieux publics.
En dehors de cela, chacun de nous qui « sait » en quoi
consiste le trachome et comment on peut le combattre, doit expliquer autour de
lui, chaque fois que l’occasion s’en présente, le danger de cette maladie.
Il doit encourager toute personne présentant des troubles
oculaires à aller voir le médecin. Respectons et faisons respecter les règles
d’hygiène dans nos familles.
CONCLUSION
Le trachome est une maladie lourde de conséquences pour I’
individu et pour la société. On peut facilement la guérir dès ‘son début, par
application d’antibiotiques.
Mais c’est en luttant contre le manque d’hygiène, et la
misère que l’on fera disparaître cette maladie des pays qui en sont atteints.